Originaire de Troyes, le docteur Victoria Denizet a réalisé son externat à Reims, avant de rejoindre Rouen pour cinq ans d’internat, puis deux ans d’assistanat à temps partagé entre le CHU, où elle a pratiqué la laryngo phoniatrie, et le centre hospitalier intercommunal d’Elbeuf, où elle assurait de l’ORL générale. Elle a rejoint le CH de Troyes en novembre dernier et doit assurer prochainement une journée à Reims pour poursuivre son activité de laryngologie. Elle se rend également une journée tous les quinze jours à Romilly-Sur-Seine pour des consultations avancées d’ORL.
Docteur Denizet, pourquoi avoir choisi de vous spécialiser en ORL ?
Je suis entrée en médecine pour faire de la chirurgie, mais je ne savais pas nécessairement dans quelle branche. Lors de mon d’externat, j’avais apprécié la spécialité ORL. Donc je me suis lancée et j’adore ça. Ce qui me plait dans l’ORL, c’est que l’on peut toucher à tout, c’est très varié : thyroïde, glandes salivaires, nez, cancérologie, plastie de la face, oreilles…
C’est aussi une discipline transversale, médico-chirurgicale, où nous pouvons être amenés à dialoguer avec toutes les spécialités médicales et chirurgicales, et beaucoup d’acteurs paramédicaux : kinésithérapeutes, orthophonistes, infirmières, audioprothésistes. Il y a une vraie notion d’équipe dans l’hôpital public qui me correspond bien.
Pour ce qui est du larynx, qui est mon domaine de prédilection, j’étais dans un centre très spécialisé dans la laryngologie, à Rouen, où nous « captions » les difficultés vocales des patients et proposions des traitements les plus personnalisés possibles en fonction des demandes. C’était extrêmement intéressant. J’ai assuré des consultations en laryngo-phoniatrie, du bloc, et participé à des réinnervations laryngées... On voit, à plus ou moins long terme, les résultats effectifs sur nos patients, c’est particulièrement satisfaisant. C’est donc une surspécialité que j’aimerais développer au sein du Centre Hospitalier de Troyes.
Qu’est-ce qui vous plait particulièrement dans cette spécialité ?
A Rouen, lors de mon internat et de mon assistanat, j’étais dans le service du professeur Marie, qui a participé à la première greffe de larynx à Lyon, récemment, notamment sur la partie anastomose nerveuse. Il est spécialisé en réinnervation laryngée, unilatérale ou bilatérale, pour des personnes atteintes de paralysie du larynx.
Le larynx est un « univers » vaste. Nous pouvons être confrontés à de « petites pathologies bénignes », comme des polypes, mais qui sont pourtant parfois très gênantes et invalidantes. Elles peuvent provoquer des dysphonies, mais elles se corrigent avec une opération et/ou de l’orthophonie, afin de retrouver une voix normale.
Nous assurons aussi des chirurgies plus complexes, comme la prise en charge des papillomatoses laryngées, donnant également des dysphonies, qui doivent être réopérées régulièrement, les sténoses laryngées ou sous-glottiques pourvoyeuses de dyspnée ; jusqu’aux cancers du larynx, nécessitant des laryngectomies partielles ou totales.
Parallèlement, nous sommes confrontés aux paralysies laryngées unilatérales ou bilatérales, qui sont des pathologies très invalidantes au niveau vocal, voire même qui provoquent des fausses routes potentiellement graves et pour lesquelles il existe différentes thérapeutiques en fonction, là encore, du terrain et des demandes du patient. Nous apportons alors des solutions comme la médialisation des cordes vocales ou la thyroplastie, en balance avec la réinnervation qui n’est pas adaptée à tous les types de patients.
En conclusion, je dirai que la voix constitue un élément fondateur de notre personnalité. C’est un moyen indispensable d’interagir et de transmettre des émotions, et c’est donc très invalidant lorsque celle-ci est atteinte.